Nanterre sans image

 

Il n’y aura pas d’autre image de l’usine de Nanterre où des ouvriers italiens imprimaient les tickets de métro. Il n’y aura pas d’image de sa lente destruction, du terrain aplani, de la prison moderne au loin. Il n’y aura pas d’image de l’avenir, des cyclistes, des toits végétalisés. Il n’y aura pas d’image de l’A86 qui enjambe la Seine, pas d’image de la Défense dans la brume, pas de RER sur le pont. Il n’y aura pas d’image de la mosquée neuve en ruine, des bâches qui claquent au vent sur sa façade, de son minaret inachevé. Il n’y aura pas d’image de la Rue de Bezons que le chantier a transformé en impasse, pas de son bruissant du silence qui y règne, des hommes dans les bagnoles aux vitres embuées, des moteurs qui tournent à petit régime, du bout incandescent de leurs cigarettes. Pas d’image de ce pli provisoire dans la ville où se sont calés ces hommes qui échangent des choses invisibles, entre le minaret sans tête ni voix et la haute cheminée de l’usine où des ouvriers italiens imprimaient les tickets de métro. Étranger, passant malvenu, dégage maintenant.

 

 

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