Du temps qui nous unit puis nous sépare, de la vie qui s’écoule dehors, du parc qu’octobre incendie, du froid dans l’appartement et du fioul qu’il faudrait commander, de toutes ces choses dont nous ne savons rien, nous qui comptions tant sur lui pour le quotidien, que sait-il encore ? Que sait-il de mes nuits, moi qui n’ai jamais rien dit de mon désir ? Que sait-il de 1990 ? De 1991 ? J’aimerais savoir. Savoir ce que le corps devient quand plus rien ne répond. Savoir ce qui reste de soi en l’absence de sourire et de liberté ; ce qui reste quand la vie se réduit aux élémentaires besoins. J’aimerais savoir. Savoir ce qui reste de la chaleur quand les bras ne savent plus embrasser. Savoir si les mots deviennent musique quand leur sens nous échappe. Savoir si la solitude diffère de la présence. Si un rien bat encore dans ce cœur qui bat pour rien. Savoir ce que la mort qui dépeuple le monde emporte du cœur des vivants.