Torpeur de Neuville en août : luzerne et blés cramés, crépi brûlant des façades, un seul train par heure, les mobylettes qu’on entend à trois rues de distance, les guêpes qu’on torture dans les cendriers, le ronronnement du frigo dans le silence de midi, les volets clos, les poubelles qui empestent, le panache noir des barbecues, les bruines de l’arrosage automatique, les cours vides des écoles, la piscine et son carré d’herbe jaune, la télé-réalité et les joints qui s’enchaînent, le souvenir des cahiers de vacances, la volonté qui dort, le silence du monde qui finit par gagner son propre corps. Se taire et attendre. Décompter les jours. Ne plus faire qu’un avec le monde engourdi.