La chambre de Boris donnait sur la forêt. Les fenêtres ouvertes on entendait la rivière qui la traversait. Il alluma la lampe de chevet et s’allongea sur le lit une-place. Un cosy-corner en contreplaqué courait le long du mur. Des livres gonflés d’humidité l’occupaient. Leurs pages collées sentaient bon le champignon, le sous-bois. Il envoya valser ses chaussures et se déshabilla en se contorsionnant sur le lit grinçant. Contre le mur, un lit d’appoint plié. Antoine dormait dessus. Dans cette chambre ils avaient enchaîné les nuits blanches, rien que pour tester leur endurance, l’oreille collée au poste, cherchant dans le brouillard des ondes moyennes des échos de Moscou, de Tirana. De beaux moments de vacances avec vélos, longueurs à la piscine découverte de Trézigné, randonnées le long du Cherron. À quel moment Antoine avait-il choisi le ski avec Marc plutôt que le vélo ici ? Il y avait eu un âge comme un passage de relais. Sans doute Marc était-il plus éveillé. Lorsque Boris avait ouvert les yeux, les filles avaient des seins et roulaient des pelles. Antoine et Marc avaient été plus rapides, voilà tout. Enfin…Marc avait été plus rapide. Antoine c’était autre chose. Il éteignit la lampe de chevet. L’obscurité était totale. La tension accumulée l’empêcha de s’endormir. Il écarta Antoine et repensa à cette fille qui habitait la maison voisine. Valérie ? Nathalie ? Des seins comme des obus, en quatrième. Il tendit la main vers le cosy. Les kleenex n’étaient plus à leur place habituelle. Valérie. Nathalie. Il fit durer la chose aussi longtemps que possible.